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Une meilleure gestion des pesticides passe par un travail concerté avec le milieu

Publié le 22 novembre 2015 - Écrit par l'UPA

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« Les producteurs agricoles du Québec partagent les préoccupations environnementales de leurs concitoyens sur la question des pesticides. Malheureusement, les mesures annoncées aujourd’hui pour le secteur agricole sont décevantes et incomplètes. Elles auront surtout pour conséquence d’augmenter les exigences administratives liées à l'utilisation des pesticides alors que les agriculteurs sont déjà littéralement enterrés sous des tonnes de paperasse. Le ministre opte pour des solutions bureaucratiques qui sont déconnectées de la réalité du terrain », a déclaré le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, en réaction à la nouvelle Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018, annoncée aujourd’hui par le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel.

Les nouvelles orientations visent à baliser davantage l'utilisation des pesticides, incluant une réduction des produits « plus à risque » et l’approbation obligatoire d’un agronome. Or, les agriculteurs s'en remettent déjà aux agronomes et autres spécialistes vendant ces produits en ce qui concerne la posologie et le mode d'emploi. Pour diminuer l'usage des pesticides, la solution passe par de meilleures méthodes de dépistage des ravageurs, sans quoi les agronomes n'auront d'autre choix que de faire ce qu'ils font maintenant, c'est-à-dire agir de façon préventive.

« Pour aller plus loin dans la lutte intégrée aux ravageurs des cultures, il faut investir dans la recherche, la formation, le transfert des connaissances, l’accompagnement et, surtout, dans les outils de dépistage », a continué M. Groleau, précisant que le MAPAQ ne consacre que 3,2 M$ par année pour l’ensemble des mesures relatives à la gestion rationnelle des pesticides. Les clubs-conseils en agroenvironnement (malgré des résultats éloquents) ont quant à eux vu leur fonctionnement fragilisé par des modifications apportées à leur mode de financement tandis qu’on a aussi coupé dans les sommes allouées au programme Prime-Vert.

« Pour financer la recherche et la formation, le ministre recommande d’attendre les redevances et les pénalités imposées aux producteurs qui contreviendront aux lois et règlements. Au lieu de les accompagner vers de meilleures pratiques, on se mettra à leur chasse pour les pénaliser de ne pas avoir complété une mesure administrative. Ce n'est pas ce que j'appelle un pas dans la bonne direction »

a indiqué le président général de l’UPA. « En ce sens, les plus petites entreprises agricoles seront des cibles de choix car elles n’ont pas les moyens ou le temps de suivre le rythme des exigences administratives toujours plus contraignantes. Il n’est pas normal que les agriculteurs passent plus de temps dans leur bureau que dans leurs champs. Les agronomes et les groupes environnementaux devraient d'ailleurs être sensibles à cette situation qu'ils connaissent bien. »

Les pesticides sont des intrants très coûteux et les producteurs ont intérêt à en minimiser l’usage. Le Québec, en matière d'utilisation des pesticides, a déjà les règles les plus sévères au Canada : formation obligatoire pour les producteurs, gestion et entreposage réglementés et encadrement législatif de la distribution. Rappelons aussi que ces produits sont homologués par Santé Canada. Ils ont pour but de contrôler les mauvaises herbes et protéger les cultures des insectes nuisibles et des maladies. Les producteurs évoluent sur des marchés fortement compétitifs et doivent répondre à des impératifs de rendement et de qualité de plus en plus exigeants.

C’est pourquoi la stratégie de M. Heurtel d’avoir recours à des « outils économiques » (taxe, redevances, etc.) ne fait aucun sens. Selon le président général de l’UPA, « Nous vivons dans des marchés de plus en plus ouverts. Nos compétiteurs internationaux, surtout américains, qui ne sont pas soumis à de telles exigences auront un avantage indéniable sur nous. Les gouvernements du Québec et du Canada n'exigent aucune réciprocité des règles et des normes en cette matière pour les aliments importés. Faisons-nous tout cela pour consommer, au final, plus de produits importés? La question se pose ».

Élaborées sans consultation avec le milieu, les mesures annoncées peuvent sembler séduisantes pour la population mais risquent d'avoir peu d‘impact. « Nous demandons depuis cinq ans au gouvernement de travailler en étroite collaboration avec le milieu agricole dans un Plan d'action concerté sur l’agroenvironnement, de façon à mettre en place les outils nécessaires pour faire face aux enjeux des changements climatiques, de la pollution diffuse et de la lutte aux ennemis des cultures. La réponse d'aujourd'hui, sans la mise en place d'un tel partenariat, ne permettra pas d'atteindre les objectifs visés », a conclu Marcel Groleau.