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Les producteurs de lait de la Mauricie et de Lanaudière rencontrent Justin Trudeau

Publié le 7 avril 2016 - Écrit par Fédération de l’UPA Mauricie

Catégorie :

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Une cinquantaine de producteurs laitiers des régions de la Mauricie et de Lanaudière se sont rassemblés ce mardi 6 avril dernier au bureau de la députée fédérale de Berthier-Maskinongé, madame Ruth Ellen Brosseau, afin de lui signifier leur reconnaissance pour l’appui dont elle fait preuve à leur égard à la Chambre des communes. « On veut qu’elle continue à poser des questions et à faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il resserre les frontières notamment sur la problématique de l’importation du lait diafiltré », ont reconnu en cœur messieurs Gilbert Perreault, président des Producteurs de lait de Lanaudière et Yves Lamy, 2e vice-président des Producteurs de lait de la Mauricie. Les représentants de ces deux régions joignent donc leur voix à leurs collègues québécois qui considèrent que cette problématique de contournement des contrôles frontaliers par l’importation sans limites et sans tarifs de concentrés protéiques liquides, appelé lait diafiltré, a pris des proportions très inquiétantes.

À la sortie de ce rassemblement, les producteurs ont profité de la présence en région du premier ministre du Canada, M. Justin Trudeau, de passage à Trois-Rivières, pour lui faire passer leur message dans le dossier. Pancartes en main, ils ont accueilli le premier ministre qui a accepté de rencontrer en privé MM. Lamy et Perreault afin de discuter du problème.

« Nous avons eu une très bonne réception de Mme Brosseau ce matin, mais nous jugions bon de parler au premier ministre directement sur les pertes financières que l’importation de lait diafiltré occasionne aux producteurs laitiers, ici, comme ailleurs au Canada », s’est exprimé M. Yves Lamy, au sortir de sa rencontre à huis clos avec le premier ministre.

« M. Trudeau a été très accueillant et semble au fait du dossier. Il a même fait un parallèle entre l’importation du lait diafiltré et le dossier d’assujettir, en novembre 2013, la mozzarella américaine incluse dans les kits à pizza à la ligne tarifaire sur les fromages », a mentionné M. Perreault . « M. Trudeau nous a affirmé que les quatre ministères impliqués travaillaient de concert pour régler rapidement le problème », a-t-il ajouté. Les producteurs laitiers de la Mauricie et de Lanaudière sont heureux d’avoir pu obtenir l’écoute du premier ministre, mais demeurent impatients qu’une annonce soit faite dans ce dossier.

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Un problème connu du gouvernement

Le gouvernement a formellement reconnu l’existence du problème. En effet, La Terre de chez nous rapportait le 5 février dernier le contenu d’un courriel du bureau du ministre Lawrence MacAulay : « Nous sommes conscients des préoccupations de l’industrie concernant l’utilisation du lait diafiltré dans la fabrication du fromage. Selon les normes compositionnelles du fromage, il n’a jamais été dans les intentions que le lait diafiltré soit utilisé au lieu du lait. Nous travaillons afin d’assurer que les règles sont claires pour tous. Le Canada reconnaît l’importance de mesures de contrôle efficaces des importations et gère ses importations conformément à ses obligations en matière de commerce international », affirmait le ministre. Cette même déclaration avait été faite deux jours plus tôt lors d’une allocution du ministre devant les délégués des Producteurs laitiers du Canada. Malgré ces engagements répétés, aucune mesure concrète n’a encore été annoncée par le gouvernement deux mois plus tard.

La gestion de l’offre affectée

« Cette brèche, si elle n’est pas colmatée, menace clairement la pérennité de notre politique agricole canadienne pour le secteur laitier. Le problème est connu des autorités gouvernementales depuis au moins deux ans, mais n’est toujours pas réglé. La solution au problème des importations de lait diafiltré est politique. Le gouvernement libéral a montré, dans plusieurs dossiers, qu’il est capable d’agir rapidement, il faut qu’il règle ce problème rapidement et une fois pour toutes! » a ajouté M. Perreault.

En effet, l’importation des produits laitiers au Canada est limitée par des tarifs douaniers, un contrôle essentiel au bon fonctionnement de la gestion de l’offre, le moyen par lequel les producteurs de lait établissent le meilleur équilibre possible entre l’offre et la demande de leurs produits et qui leur permet de tirer leur revenu entièrement du marché, sans subventions. Or, depuis la fin des années 90, des ingrédients laitiers entrent au pays sans tarifs en utilisant des failles du classement tarifaire pour contourner les limites d’importation. Le cas actuel le plus grave est celui des isolats de protéines laitières et du lait diafiltré, des concentrés de protéines laitières qui remplacent de plus en plus la protéine du lait frais canadien dans la fabrication de certains produits laitiers. On estime que les importations d’IPL atteindront 32 000 tonnes en 2016, causant un manque à gagner de plus de 200 millions de dollars aux producteurs.

« Ces produits sont choisis pour l’importation puisqu’ils permettent à la fois d’éviter les tarifs douaniers et par manque de cohérence entre l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), ils permettent aussi d’éviter la limite d’utilisation prévue par les normes de composition des fromages au Canada », a insisté M. Perreault. Rappelons qu’en 2007, afin de limiter les dommages liés à l’importation de concentrés de protéines laitières et à la suite d’une grande mobilisation des producteurs laitiers, le gouvernement a mis en place des normes de composition des fromages. Ces normes établissent un pourcentage minimum de protéines (caséines) qui doivent provenir du lait dans le fromage et limitent l’ajout d’ingrédients laitiers tels les IPL pour compléter la recette de fabrication. Le problème semblait ainsi réglé jusqu’à l’arrivée du lait diafiltré, en 2013.

À la frontière, le lait diafiltré est classé comme ingrédient laitier (concentré de protéines laitières de plus de 85 % sur une base sèche) et exempté de tarifs. Une fois au Canada, l’ACIA le considère comme du lait et non comme ingrédient laitier dont l’ajout est plafonné dans les recettes de fromage.