« La présentation décevante du ministre de l’Agriculture Pierre Paradis, aujourd’hui devant les congressistes, n’a fait qu’accentuer les préoccupations du monde agricole. Cette situation ne peut plus durer », a déclaré le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, au terme du 92e Congrès général de l’organisation qui se tenait cette semaine à Québec.
PCTFA : aucune écoute du ministre
Questionné au sujet du Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA), le ministre Paradis a formulé des réponses insatisfaisantes. À son avis et celui des économistes du ministère des Finances, la perte pour les producteurs serait marginale. Pourtant, deux études indépendantes, une de l'UPA et l'autre de La Coop fédérée estiment que la hausse moyenne sera de 30 % à 40 % pour plus de 80 % des producteurs. Le ministre persiste et signe : le gouvernement ira de l'avant avec la réforme, et ce, dès le 1er janvier 2017.
Loin d'être rassuré, le président régional, Jean-Marie Giguère, s'est exprimé ainsi aux réponses de Pierre Paradis : « Le sentiment généralisé chez nos producteurs, c’est qu’ils sont très inquiets face aux changements annoncés au PCTFA. Et ils ont raison! Ils en subiront de lourdes conséquences. Il ne reste plus qu’à souhaiter que le gouvernement entende la voix des agriculteurs et qu’il maintienne le programme actuel du PCTFA jusqu’à ce qu’une réforme complète de la fiscalité foncière soit étudiée par les principaux acteurs. »
L'absence de leadership du ministre dénoncée
Plusieurs indicateurs témoignent de la morosité des producteurs et de leur hésitation à investir. Selon Statistique Canada, les dépenses en immobilisations dans le secteur agricole québécois sont passées de 496 M$ à 609 M$ (+ 23 %) entre 2006 et 2015. Pendant la même période, elles sont passées de 1,6 G$ à 4,2 G$ au Canada (incluant le Québec) (+ 160 %). L’Ontario a vu ses investissements doubler, passant de 722 M$ à 1,4 G$ (+ 94 %). L’immobilisme, le manque de vision à long terme et les mauvaises décisions prises par le gouvernement du Québec au cours des dernières années sont directement responsables de cette hésitation.
La présentation de M. Paradis a confirmé sa rupture avec le monde agricole québécois et les régions. Dans les circonstances, rétablir un dialogue positif et constructif sera très difficile compte tenu de l’entêtement ministériel et gouvernemental démontré jusqu’à maintenant », a conclu Marcel Groleau.