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Un groupe de producteurs laitiers estriens manifeste son impatience auprès de la députée-ministre Marie-Claude Bibeau

Publié le 8 avril 2016 - Écrit par Simon Pageau

Catégorie :

  • Estrie
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  • Communiqués

Importation de lait diafiltré

Lors d’un point de presse faisant suite à une rencontre avec les députés libéraux Marie‑Claude Bibeau et Jean-Claude Poissant, Marcel Blais, vice-président des Producteurs de lait de l’Estrie a démontré l’important consensus entre les producteurs de lait et leurs partenaires pour exiger du gouvernement fédéral qu’il règle le problème des importations de lait diafiltré rapidement et une fois pour toutes. Le contournement des contrôles frontaliers par l’importation sans limites et sans tarifs de concentrés protéiques liquides, appelés lait diafiltré, a pris des proportions très inquiétantes.

Le gouvernement a formellement reconnu l’existence du problème. En effet, La Terre de chez nous rapportait le 5 février dernier le contenu d’un courriel du bureau du ministre de l’Agriculture, Lawrence MacAulay : « Nous sommes conscients des préoccupations de l’industrie concernant l’utilisation du lait diafiltré dans la fabrication du fromage. Selon les normes compositionnelles du fromage, il n’a jamais été dans les intentions que le lait diafiltré soit utilisé au lieu du lait. Nous travaillons afin d’assurer que les règles sont claires pour tous. Le Canada reconnaît l’importance de mesures de contrôle efficaces des importations et gère ses importations conformément à ses obligations en matière de commerce international », affirmait le ministre. Cette même déclaration avait été faite deux jours plus tôt lors d’une allocution du ministre devant les délégués des Producteurs laitiers du Canada. Malgré ces engagements répétés, aucune mesure concrète n’a encore été annoncée par le gouvernement deux mois plus tard.

« Après trois rencontres des Producteurs de lait de l’Estrie avec la ministre Marie-Claude Bibeau et son intervention auprès du ministre de l’Agriculture canadien, il est grand temps que les décisions se prennent. Cette brèche, si elle n’est pas colmatée, menace clairement la pérennité de notre politique agricole canadienne pour le secteur laitier. Le problème est connu des autorités gouvernementales depuis au moins deux ans, mais n’est toujours pas réglé. Le gouvernement libéral a montré, dans plusieurs dossiers, qu’il est capable d’agir rapidement, il faut qu’il règle ce problème rapidement et une fois pour toutes! » a ajouté Marcel Blais, lui-même producteur laitier à La Patrie.

En effet, l’importation des produits laitiers au Canada est limitée par des tarifs douaniers, un contrôle essentiel au bon fonctionnement de la gestion de l’offre, le moyen par lequel les producteurs de lait établissent le meilleur équilibre possible entre l’offre et la demande de leurs produits et qui leur permet de tirer leur revenu entièrement du marché, sans subvention. Or, depuis la fin des années 90, des ingrédients laitiers entrent au pays sans tarifs en utilisant des failles du classement tarifaire pour contourner les limites d’importation. Le cas actuel le plus grave est celui des isolats de protéines laitières et du lait diafiltré, des concentrés de protéines laitières qui remplacent de plus en plus la protéine du lait frais canadien dans la fabrication de certains produits laitiers. On estime que les importations d’IPL atteindront 32 000 tonnes en 2015, causant un manque à gagner de plus de 200 millions de dollars aux producteurs.

« Ces produits sont choisis pour l’importation puisqu’ils permettent à la fois d’éviter les tarifs douaniers et par manque de cohérence entre l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), ils permettent aussi d’éviter la limite d’utilisation prévue par les normes de composition des fromages au Canada », a insisté Marcel Blais.

Rappelons qu’en 2007, afin de limiter les dommages liés à l’importation de concentrés de protéines laitières et à la suite d’une grande mobilisation des producteurs laitiers, le gouvernement a mis en place des normes de composition des fromages. Ces normes établissent un pourcentage minimum de protéines (caséines) qui doivent provenir du lait dans le fromage et limitent l’ajout d’ingrédients laitiers tels les IPL pour compléter la recette de fabrication. Le problème semblait ainsi réglé jusqu’à l’arrivée du lait diafiltré, en 2013.

À la frontière, le lait diafiltré est classé comme ingrédient laitier (concentré de protéines laitières de plus de 85 % sur une base sèche) et exempté de tarifs. Une fois au Canada, l’ACIA le considère comme du lait et non comme ingrédient laitier dont l’ajout est plafonné dans les recettes de fromage.

Importance du secteur laitier en Estrie

La production laitière est un secteur économique très important pour l’Estrie. On compte sur le territoire 534 fermes laitières propriété de 2144 producteurs et productrices, 5157 emplois directs et indirects, 253.5 millions $ de valeur de production et 11 usines. La filière laitière estrienne contribue à hauteur de 415.8 millions $ au PIB.

Les Producteurs de lait de l’Estrie se joindront à la manifestation des Producteurs de lait de la Montérégie devant le bureau du député libéral de Shefford, Pierre Breton, le lundi 11 avril à partir de 9 h.