Un groupe d’organisations agricoles du Canada qui représentent un vaste éventail d’agriculteurs et de systèmes de production, dont l'UPA fait partie, demandent à Lawrence MacAulay, ministre fédéral de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, d’intervenir sur-le-champ pour stopper toute autre dissémination de semences de luzerne génétiquement modifiée (GM) à la suite de l’annonce par la compagnie Forage Genetics International (FGI) de la vente d’une quantité limitée pour plantation au printemps 2016 dans l’est du Canada. C’est la première fois qu’il se vend de la luzerne GM au Canada.
Une lettre signée par 15 organisations agricoles exhorte le ministre à retirer l’enregistrement de toutes les variétés de luzerne GM, afin d’empêcher leur commercialisation jusqu’à ce que l’on ait procédé à une évaluation complète de leur impact économique, et d’établir de toute urgence un protocole d’analyse qui sera appliqué à toutes importations de semences de luzerne cultivées aux États-Unis. Ces mesures pourraient mettre fin à la vente de semences de luzerne GM au Canada et prévenir l’importation accidentelle de luzerne GM par des semences contaminées en provenance des États-Unis, où elle est déjà disponible.
« Il est impératif que nos gouvernants agissent rapidement pour arrêter l’introduction commerciale de la luzerne GM afin d’empêcher une contamination irréversible », déclare Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles. « La prolifération de cette culture GM menace le gagne-pain de nombreux agriculteurs », déplore Peter Eggers, producteur de luzerne de l’Alberta et membre de l’Union nationale des fermiers. « La luzerne est une culture essentielle pour une grande proportion d’agriculteurs. Perdre la luzerne à cause de la contamination par les OGM serait un désastre pour un grand nombre de cultivateurs et de consommateurs. La contamination par la luzerne GM aurait des impacts négatifs importants sur tout un éventail d’agriculteurs et de systèmes agricoles, tant conventionnels que biologiques. »
On cultive la luzerne sur presque 30 % des terres agricoles au Canada. Elle sert d’aliment à forte teneur en protéines pour les animaux laitiers et de boucherie (fourrage et pâturage). En rotation des cultures, la luzerne augmente la quantité de nutriments dans le sol et elle est donc importante pour la culture des céréales et des légumes. Le Canada est l’un des cinq principaux exportateurs mondiaux de luzerne granulée et en cube. Nos exportations annuelles de semences de luzerne dépassent les 50 millions de dollars. Cependant, la vaste majorité de nos marchés d’exportation n’ont pas encore approuvé la luzerne GM. « L’introduction de luzerne GM risque de nous faire perdre d’importants marchés d’exportation », explique Heather Kerschbaumer, de Forage Seed Canada, qui représente tous les producteurs de semences fourragères du Canada. « Les risques et les coûts sont tout simplement trop élevés pour notre industrie. » On reconnaît que le risque de propagation de luzerne GM dans des lieux indésirables est particulièrement élevé parce que la luzerne est une vivace pollinisée par les abeilles, qu’elle pousse souvent à l’état sauvage sur des terres non cultivées et que ses graines sont minuscules.
« Le secteur à forte valeur ajoutée de l’agriculture biologique est en plein essor au Canada et la luzerne GM risque de le mettre en péril », déclare Lisa Mumm, membre du conseil d’administration de l’Association du commerce des produits biologiques et propriétaire agricultrice de Mumm’s Sprouting Seeds qui cultive et vend des pousses de luzerne biologique pour le marché de consommation. « De nombreux agriculteurs ont besoin de luzerne pour produire toute une série d’aliments biologiques destinés aux Canadiens. » La luzerne GM est un problème majeur pour les agriculteurs biologiques parce que les normes biologiques canadiennes interdisent l’utilisation de semences GM. FGI a été autorisée à vendre sa luzerne génétiquement modifiée dotée de traits GM – tolérance au glyphosate et faible teneur en lignine – sous licence de la compagnie Monsanto.
Nous invitons les regroupements d’agriculteurs, les entreprises agricoles, les groupes communautaires et les organismes sans but lucratif à signer la lettre ici.