Après de nombreux mois d’attente, l’annonce d’un accord concernant les négociations du Partenariat transpacifique (PTP) est tombée ce lundi 5 octobre en matinée. Cet accord, qui regroupe 12 pays signataires et une population de plus de 800 millions de personnes, touche bien évidemment le secteur agricole et agroalimentaire, mais aussi notamment le domaine de l’aérospatial, de l’automobile, de l’industrie pharmaceutique et divers autres biens et services commerciaux.
Les gagnants
Parmi les secteurs qui ont accueilli la nouvelle positivement, mentionnons entre autres ceux du porc, du bœuf et des grains. Une partie de ces productions est vendue sur des marchés étrangers. Or, les pays partenaires du PTP aboliront progressivement leurs barrières tarifaires, facilitant donc l’exportation vers ces marchés. Cela représente donc une opportunité intéressante pour ces producteurs qui veulent consolider leurs positions dans les marchés actuels ou développer l’offre aux autres pays membres.
Les producteurs sous gestion de l’offre déçus
Malheureusement, dans cette entente, les producteurs de lait, d’œufs et de volailles sont les grands perdants, touchant environ 300 exploitations agricoles de la Mauricie. Ceux-ci concèderont progressivement à la signature finale de l’accord, 3,25 % du marché des produits laitiers, 2,3 % pour les œufs de consommation, environ 2 % pour le poulet et le dindon et 1,5 % pour les œufs d’incubation. Marcel Groleau, président général de l’Union des producteurs agricoles, se dit évidemment déçu de cette décision, qui touchera un grand nombre d’entreprises du secteur. Il s’agit de la deuxième brèche dans le système de la gestion de l’offre, en incluant l’accès supplémentaire de 17 700 tonnes de fromages européens, concédé lors de l’Accord économique de commerce global (AECG).
Mince consolation, le Gouvernement du Canada a prévu mettre en place des mesures d’atténuation concernant notamment la baisse des revenus et une baisse potentielle de la valeur des quotas. Toutefois, il faudra attendre d’avoir les détails exacts de ces programmes afin de se prononcer sur la valeur de ceux-ci. Les mesures annoncées auront une portée limitée dans le temps, ce qui n’aidera en rien les producteurs plus jeunes ou la relève agricole.
Une vaste mobilisation pour le maintien de la gestion de l’offre
On ne peut toutefois pas reprocher aux producteurs d’avoir lésiné sur les moyens de pression afin de faire part de leurs inquiétudes pendant les négociations du PTP. Une vaste campagne d’affichage (vous avez assurément vu les banderoles, pancartes et autocollants Forts et unis), une vaste mobilisation à Montréal tenue le 27 septembre dernier (avec la participation de plus d'une trentaine de producteurs mauriciens) ainsi qu’une multitude d’événements régionaux étaient du nombre pour rappeler à la population et au gouvernement l’importance du maintien intégral de la gestion de l’offre.
En Mauricie, à l’occasion d’une rencontre organisée avec les candidats de la région aux élections fédérales, une cinquantaine de producteurs se sont mobilisés et ont accueilli les différents partis politiques à l’aide de tracteurs, charrette à foin, banderoles et slogans.
Pas demain la veille
Ce n’est pas demain que l'on pourra bénéficier des avantages ou subir les inconvénients du PTP. Celui-ci doit être rédigé dans sa version définitive, être traduit dans différentes langues et recevoir l’assentiment des législatures des différents pays. Certains experts croient que l’accord ne devrait pas être ratifié avant deux ans. Par ailleurs, un grand nombre de modalités comprises dans le PTP entreront en vigueur de manière progressive, sur une période de cinq à dix ans. Nous ne verrons donc pas pleinement les effets de cet accord avant quelques années.
Pour connaître les modalités du PTP pour les secteurs agricole, agroalimentaire et du bois, vous pouvez consulter ce document. Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre