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Quand les mauvaises nouvelles s’accumulent…

Publié le 7 décembre 2017 - Écrit par Jean-Sebastien Dubé

Catégorie :

  • Mauricie
  • Actualités
  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice

L'article suivant a paru dans le bulletin d'information de nos collègues de l'UPA Estrie, Solidarité agricole  (1 Mo)  de novembre dernier. L'auteure, Julie Fontaine, est une productrice maraîchère et apicole de la municipalité de Saint-Georges-de-Windsor.

Dans la semaine du 9 octobre, une nouvelle tuile tombait sur les apiculteurs : notre miel est contaminé par les néonicotinoïdes dans une proportion pouvant aller jusqu’à 85 %.

Chaque année, malgré une gestion des ruchers très serrée pour le contrôle des acariens et autres petits troubles propres à nos abeilles, mes collègues apiculteurs et moi devons faire face à une mortalité qui oscille entre 30 % et 50 % peut-être même plus. Cette mortalité tout à fait exagérée est directement reliée à l’utilisation des pesticides en milieu agricole. Je ne vous apprends rien de nouveau, j’en suis certaine, mais ce dont je veux vous faire part c’est ma perception en tant qu’agricultrice membre de l’UPA.

Pour résumer ma vision de la chose, c’est comme si une faucheuse passait dans vos champs chaque mois d’août et rasait entre 30 % et 50 % de vos cultures, sans que vous puissiez dire ou faire quoi que ce soit. Vous seriez en beau siffleux! C’est malheureusement ce qui m’arrive chaque fin d’hiver, quand je sors mes ruches et que je constate une mortalité anormale causée justement par les pesticides utilisés par mes voisins. La faucheuse passe dans mon rucher chaque année!

Dans un rapport accablant datant de mars 2017, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies fait le lien direct entre l’utilisation des pesticides et leur impact sur l’environnement, la société et la santé des individus partout sur cette planète. Les recommandations émises à la fin de ce rapport sont très rigoureuses, restrictives et visent à diminuer radicalement l’accès aux pesticides pour les agriculteurs du monde entier. Comparée à tout ça, la Stratégie québécoise sur les pesticides, tant décriée par les agriculteurs, va nous donner l’impression d’une bande dessinée pour enfants. Aujourd’hui, c’est le miel qui est contaminé, demain ce sera peut-être au tour du lait, du sirop d’érable, peut-être d’autres produits aussi. Imaginez le cauchemar si d’autres produits venaient à tomber sous la loupe des techniciens de laboratoire!

Après des années de discussions avec les grandes compagnies de pesticides, force est de constater que rien ne va plus. Laissons donc les grands faire semblant que tout va pour le mieux dans leur monde et prenons en main notre environnement et notre destinée en tant qu’agriculteurs. Vous avez le gros bout du bâton puisque vous êtes acheteurs de semences. C’est la magie de notre beau système capitaliste. Aucune compagnie ne peut fonctionner si personne ne veut acheter leurs produits. Appelez votre semencier et exigez les semences non enrobées de néonics. Vous en êtes capables et je le sais parce qu’il n’y a rien de plus tenace qu’un agriculteur décidé à faire changer les choses. Pensez à vous, votre famille et surtout les petits-enfants qui ne sont peut-être pas encore nés. Si vous avez le bonheur d’héberger un apiculteur sur votre terre, quand ce dernier viendra vous porter une caisse de son précieux liquide, dites-lui que vous avez utilisé des semences non enrobées; que vous l’avez fait parce que vous aviez le contrôle total sur cette décision et que c’était votre geste pour l’environnement en 2018!

De mon côté, quand je vais m’assoir à la table de mon syndicat, je vais peut-être pouvoir arrêter de me rentrer la tête dans les épaules et finalement sourire à tous mes collègues agriculteurs en me disant que finalement, on rame dans le même sens.

Bon hiver à vous et à mes abeilles.